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formes et pouvant soutenir durant des heures leur galop rude et vif.

Ils allaient côte à côte, d’une ardeur égale. La voix des jeunes filles les excitait sans cesse, et leur course perçant droit devant soi, à travers champs, landes et haies, ressemblait à un tourbillon.

Diane et Cyprienne, excellentes cavalières, ne s’inquiétaient point des obstacles de la route ; quand il y avait un fossé large à franchir d’un bond, elles plongeaient leurs petites mains blanches dans la dure crinière des bretons ; quand il fallait traverser un taillis, elles se couchaient presque sur leurs chevaux et passaient rapides, comme des flèches, au travers du fourré.

Sur la lande rase elles se redressaient.

— Hope ! Mignon ! hope ! Bijou !

Elles caressaient doucement le cou déjà baigné de sueur de leurs montures.

Les deux chevaux, lancés à fond de train, dévoraient l’espace…

Si quelque paysan les eût rencontrées, glissant comme deux traits dans la nuit, il se fût signé sans doute avec terreur, en recommandant son âme à Dieu. Et, après la terreur passée, il se serait vanté jusqu’au jour de sa mort d’avoir vu, par une nuit d’automne, les fées se rendant au sabbat !