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Dans l’immense prairie, où se déroulaient de toutes parts d’étroits filets d’eau, on apercevait un mouvement confus au milieu des ténèbres : c’étaient les troupeaux de Glénac et de Saint-Vincent qui erraient en liberté sur le pâturage commun.

Tout en courant sur l’herbe courte et unie comme un tapis, Cyprienne et Diane appelaient doucement :

— Mignon !… Bijou !…

Leurs voix se perdaient dans la nuit. Quelques moutons effrayés prenaient la fuite sur leur passage, et les oies, éveillées, allongeaient le cou pour jeter leurs cris plaintifs et discordants.

Les deux jeunes filles appelaient toujours…

Au bout de deux ou trois minutes, un piétinement sourd se fit entendre au loin sur le gazon. L’instant d’après Bijou et Mignon, deux jolis petits chevaux demi-sauvages, arrêtaient leur galop et restaient immobiles, la fumée aux naseaux et les jarrets tendus.

Diane et Cyprienne s’élancèrent à cru sur leurs dos. En quelques secondes, elles eurent regagné le temps perdu à courir sur le marais.

Bijou et Mignon étaient deux vrais bretons, noirs tous deux, robustes d’encolure, trapus de