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qu’il ne connût pas en détail ce qui se passait à Penhoël, il pouvait voir, comme tout le monde, qu’une lutte était engagée. On pouvait avoir besoin de lui, et alors il faudrait bien lui donner sa part de l’aubaine…

En attendant, Blaise lui jetait çà et là une pièce blanche pour l’empêcher de s’impatienter trop fort, et M. de Blois lui avait fait obtenir, par son crédit, une petite position officielle.

Bibandier était fossoyeur de la paroisse de Glénac, aux appointements fixes de douze francs par an, plus le casuel.

Mais, malgré les fièvres du marais et deux médecins qui s’étaient établis depuis peu à la Gacilly, la mort ne donnait guère au bourg de Glénac. Le pauvre Bibandier était maigre à faire compassion.

Blaise le trouva, comme il l’avait annoncé, sous le tonneau de cidre qu’on avait mis en perce dans un coin de l’aire. Bibandier était couché paresseusement dans la poussière ; sa tête reposait sur une de ses mains, et l’autre tenait une écuelle demi-pleine. Sa figure longue, et dont les teintes ternes tiraient sur le gris, s’empourprait légèrement ; son œil cave veloutait son regard ; il y avait dans sa physionomie un repos content et parfait.

Il restait là depuis le matin, buvant tout seul