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sentiers de la Forêt-Neuve, quand les nuits étaient sans lune, mais il n’y mettait plus le même cœur qu’autrefois. Il avait laissé dans les taillis de Bains son armée de manches à balai habillés en brigands ; son chien était mort de faim depuis longtemps ; et s’il continuait lui-même à mener son métier de rôdeur, c’était vocation irrésistible, car jamais le hasard ne l’avait payé de ses peines.

Que faire en un pays où les poches ne contiennent que des gros sous, et où les bâtons sont des massues ?

Bibandier avait dû espérer un instant un sort meilleur en voyant deux de ses camarades intimes occuper une bonne position dans le pays ; mais Robert et Blaise l’avaient systématiquement tenu à distance, et le pauvre diable n’avait jamais pu réclamer trop haut, parce que le bagne de Brest est un bercail incessamment ouvert, où les brebis égarées comme lui rentrent au premier mot.

Il se taisait. Peut-être n’en pensait-il pas moins. Cependant, c’était un coquin assez débonnaire, et la rancune qu’il gardait à ses anciens camarades n’atteignait pas des proportions bien tragiques.

D’ailleurs, on n’était pas sans lui faire entrevoir de temps à autre un meilleur avenir. Bien