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contre l’autre ; elles avaient des larmes de joie dans les yeux. Chacune des paroles qu’elles entendaient retentissait au fond de leur cœur et voulait dire : « Enfants, vous avez sauvé Penhoël !… »

Tandis qu’elles triomphaient, les pauvres enfants, laissant aller leurs âmes à l’espoir, un mot vint les frapper comme un coup de massue.

C’était Robert qui parlait.

— À tout prix, disait-il d’une voix brève et résolue, il faut que ces petites filles meurent !

— S’il s’agit d’un assassinat, murmura Pontalès, je me retire.

M. le marquis, on se passera de vous !

— Si l’on dépasse les bornes de la légalité, dit à son tour Macrocéphale, je m’abstiens.

— Monsieur l’homme de loi, on se privera de vos services !  !… Mais il ne sera pas dit que deux misérables enfants nous auront impunément barré la route ! Où est Bibandier ?

Cette question s’adressait à Blaise.

— Auprès de la tonne de cidre, répondit le domestique ; il boit à la santé du roi.

— Peut-on toujours compter sur lui ?

— Je le laisse jeûner depuis trois ans, répliqua Blaise, pour le tenir en haleine… Il est maigre et affamé comme un bon chien de chasse.

Robert se retourna vers Pontalès.

M. le marquis, dit-il, chacun de nous,