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même chose… Malheur !… rien que malheur !…

Un peu de sang remonta à sa joue pâlie ; ses yeux brillèrent davantage.

— Oh ! si j’avais encore les bras d’un homme !… s’écria-t-il, mais je ne suis plus qu’un cadavre !… Il est arrivé par un déris, le soir où le moulin des Houssaies fut emporté par l’inondation… Il est arrivé avec les désastres et avec la tempête… C’est un déris qui l’emportera, un déris et une tempête !… Mais avant ce jour-là, il prendra la vie de plus d’un et de plus d’une au manoir de Penhoël !… De toutes les douces filles du manoir, il fera des belles-de-nuit… et cette heure-là est bien proche, Diane !… bien proche, Cyprienne ! Je regardais ce soir le beau soleil d’automne descendre derrière la colline… et je me disais : Les filles de Jean de Penhoël sont jeunes, belles, aimées… Demain, le soleil reviendra éclairer ma cabane… Où seront, à cette heure, les filles de Jean de Penhoël ?

Cyprienne et Diane frissonnèrent.

— Quoi ?… sitôt que cela !… prononça Diane à voix basse.

— Le marais est profond, murmura le passeur, et bien que les eaux soient basses, il y a de quoi noyer deux pauvres enfants au tournant de la Femme-Blanche !