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— Eh bien, mes enfants !… cria-t-il de loin, ne boit-on plus à la santé du roi et de M. le maire ?

Personne ne répondit. Le père Géraud s’était redressé.

— Petit Francin, murmura-t-il rapidement, retourne au jardin… Tu viendras nous dire s’il y a du nouveau…

Puis il ajouta en se tournant vers les vieux métayers assis à ses côtés :

— Vous autres, j’aurai à vous parler après la veillée… Il ne sera pas dit que personne n’a fait un pas ou donné un écu pour sauver Penhoël !…

Blaise entrait dans le cercle tenant à la main la grande écuelle pleine.

Le petit Francin remontait en courant vers le jardin du manoir.

La partie grave de l’assemblée était en ce moment maîtresse du terrain. Les trois demoiselles Babouin-des-Roseaux-de-l’Étang et les autres membres de la société avaient quitté leurs postes pour envahir le gazon, occupé naguère par les danseurs. L’orchestre chômait. Quelques gens avisés voyaient venir avec effroi le moment où Églantine, Héloïse et Amarante allaient demander leur redoutable guitare, sous prétexte de ranimer la fête. L’espoir secret que nourrissaient