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aux vagues menaces qui pesaient sur la maison de Penhoël ; mais, ce jour-là, personne ne doutait : on sentait en quelque sorte le malheur planer au-dessus du manoir.

Les jeunes gars oubliaient de parler d’amour à leurs promises, et le tonneau de cidre, encore plein aux trois quarts, ne couronnait plus de mousse pétillante la grande écuelle qui, dans ces sortes d’occasions, faisait si joyeusement d’ordinaire le tour de l’assemblée.

Un seul fidèle restait auprès du tonneau, un pauvre diable maigre comme un clou, qui buvait avec acharnement, couché tout de son long dans la poussière.

Personne ne daignait lui parler, pas même l’Endormeur, bien que le pauvre diable fût sa vieille connaissance, l’ex-uhlan Bibandier.

Bibandier fumait sa pipe en philosophe et semblait se soucier assez peu du mépris général. Il fumait et buvait comme s’il se fût engagé à vider tout seul le grand tonneau de cidre.

Dans le groupe rassemblé à la porte de la ferme, ce fut le petit Francin qui rompit le silence.

Personne ne daignait lui parler, pas même l’Endormeur, bien que le pauvre diable fût sa vieille connaissance, l’ex-uhlan Bibandier.

M. Blaise !… dit-il tout à coup.

Le domestique de Robert de Blois s’avançait en effet à pas comptés vers le groupe des paysans.