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— En deux mois et onze jours, on peut faire bien des choses, M. le vicomte !… Dans le cas où il vous plairait de mettre en vente le manoir, je pourrais tâter Pontalès ce soir même.

René de Penhoël ne répondit point tout de suite. Quand il prit enfin la parole, ce fut tête haute et d’une voix ferme. Il semblait qu’une étincelle de son ancienne énergie se fût réveillée en lui.

— Je vous défends de me reparler jamais de cela !… dit-il. Je ne sais pas ce que Dieu décidera de mon sort, mais la maison où ma fille unique est née ne sera jamais vendue par mon fait.

— Bien parlé !… s’écria Macrocéphale avec un brusque attendrissement ; ah ! vous êtes un vrai gentilhomme, Penhoël, et nous verrons, j’en suis bien sûr, la fin de tout ceci !

— Laissez-moi !… dit le maître.

Macrocéphale se leva aussitôt pour obéir. Mais avant de quitter la chambre, il eut le temps de dire encore :

— Si vous saviez comme cela me fend le cœur, chaque fois qu’un des domaines de Penhoël passe comme cela en des mains étrangères… Je n’ai rien à dire contre Pontalès, Dieu merci, ni contre personne… mais je suis, avant tout, le serviteur et l’ami de Penhoël… Et si j’avais des