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pour lancer du côté de Lola des œillades suffisamment significatives.

Son père, le marquis, était un petit vieillard : cheveux blancs comme neige, œil vif, sourire bon et spirituel. À juger l’homme seulement par les dehors, ce devait être le plus aimable marquis du monde.

Les gens qui regardent de très-près, et prétendent voir mieux que le vulgaire, auraient peut-être découvert, sous son avenant sourire, un petit fonds de sécheresse et de moquerie. Mais c’était peu de chose, et d’ailleurs quelque légère nuance de scepticisme voltairien s’allie merveilleusement, comme on sait, à la riante bienveillance de ces vieux gentilshommes.

Ce qui dominait dans la physionomie du marquis, c’étaient la finesse et la bonté. Ce devait être un homme souverainement adroit, et sa bonhomie devait empêcher son adresse d’être dangereuse.

Ses ennemis, et il en avait bien peu d’avoués à cause de ses soixante mille livres de rente, prétendaient qu’il était plus fin encore qu’il n’en avait l’air, mais que sa bonhomie ne valait pas le diable.

C’étaient des jaloux peut-être. En tout cas, dans ce pays patriarcal, où l’estime publique est en raison directe de la somme portée au