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daient, à la dérobée, tantôt le sombre visage du maître, tantôt la pâle figure de Madame, et leur cœur se serrait.

Le reste de l’assemblée était immobile et muet. Personne n’osait rompre le glacial silence.

Au dehors, il y avait tempête. Le vent hurlait dans les fentes des croisées et la grêle battait contre les carreaux.

Deux personnes dans le salon restaient à l’abri du malaise général ; c’était Blanche qui était gardée par son sommeil, et c’était Vincent de Penhoël qui, perdu dans la contemplation de Blanche, n’entendait ni ne voyait rien.

Tandis que ses deux sœurs et Roger de Launoy subissaient de plus en plus l’effet de cette tristesse morne qui oppressait les hôtes du manoir, Vincent se prit à sourire parce que l’Ange souriait à son rêve.

Durant quelques secondes, la pure beauté de l’enfant s’éclaira d’un rayon de joie. Une teinte rose vint colorer sa joue, et sa bouche s’entr’ouvrit comme pour murmurer de caressantes paroles…

Vincent avait les mains jointes et retenait son souffle.

Puis le sourire de Blanche se voila peu à peu ; un nuage douloureux descendit sur son front. Elle s’agita faiblement contre le sein de sa mère.