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— Leur nom de uhlans…, commença le père Chauvette.

— Leur nom de uhlans ne prouve rien !… J’ai vu les Prussiens à Rennes, et c’étaient de braves militaires, malgré leur accent… Il ne manque pas d’anciens soldats de Bonaparte…

— Prussiens ou soldats de Bonaparte, interrompit le maître d’école, ils ont brûlé la belle ferme de Pontalès, là-bas, de l’autre côté de Glénac…

— C’est bien fait ! dit rudement René de Penhoël ; si le diable brûlait Pontalès comme les uhlans ont brûlé sa ferme, ce serait mieux fait encore !… Je demande six levées…

L’oncle Jean ne parlait point ; il suivait le jeu avec distraction et semblait combattre une pensée pénible.

L’oncle Jean était bien pauvre ; personne ne faisait grande attention à lui.

— Petite misère ! dit le père Chauvette.

— Huit levées ! répliqua M. de Penhoël ; ces coquins de Pontalès sont-ils au château, M. le Hivain ?

— Ils sont revenus à cause de la ferme brûlée… et le vieux Pontalès a dit qu’il ferait la garde lui-même avec son fusil autour de ses métairies, puisque les gendarmes ne sont bons à rien !…