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Comme pour confirmer cette croyance, il y avait souvent une maladive pâleur sur le front de Blanche, et dans son idéale beauté on devinait la faiblesse et la mélancolie.

En ce moment, elle semblait reposer. On ne voyait point l’azur céleste de ses grands yeux, et ses longs cils retombaient sur sa joue. Les formes enfantines mais toutes gracieuses de son corps s’affaissaient sur les genoux de sa mère, qui la tenait entre ses bras, et dont le regard abaissé était empreint d’une tendresse passionnée.

La mère et la fille formaient ainsi un tableau charmant, tout plein d’abandon et d’amour.

De temps à autre, le maître de Penhoël quittait des yeux la partie engagée, et jetait vers elles une œillade rapide. C’était comme à la dérobée qu’il les contemplait ainsi, et l’on eût difficilement défini le vague sentiment de malaise qui assombrissait alors son visage.

Son sourire, ébauché dans la joie, se teignait d’amertume. Il posait son jeu sur la table et versait une rasade d’eau-de-vie dans un petit gobelet d’argent placé auprès de lui sur un guéridon.

Il y avait dans la salle une autre personne qui regardait l’Ange bien plus souvent encore : c’était un jeune homme de dix-huit ans, portant une veste en drap grossier et des culottes de toile