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brusquement, au sortir même de la gorge creusée par le courant de l’Oust, et forme une assez vaste plaine. Cette plaine s’étend à perte de vue, entre deux rangées de petites montagnes parallèlement alignées.

En été, c’est un immense tapis de verdure, où l’œil suit au loin les courants de l’Oust et de deux ou trois autres petites rivières qui se rapprochent, qui s’éloignent, qui s’enroulent, semblables à de minces filets d’argent. L’hiver, c’est un grand lac qui a ses vagues comme la mer, et où le pêcheur de nacre poursuit son butin chanceux.

L’été, aussi loin que le regard peut s’étendre, on voit, paissant le gazon vert, des troupeaux de petits chevaux poilus, de génisses folles qui secouent en frémissant leur garde-vue de bois, et de moutons nains dont la chair est fort tendrement appréciée par les gourmets d’Ille-et-Vilaine.

Tous les bourgs et les hameaux environnants envoient leurs bestiaux à ce pacage commun. Le pays est pauvre ; chacun profite de l’aubaine, et il y a tel mois de l’année où l’innombrable troupeau s’étend sans interruption depuis la gorge de l’Oust, qui a nom Port-Corbeau, jusqu’aux environs de la Vilaine. Les marais de Glénac et de Saint-Vincent, transformés en riantes prai-