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continuer mon voyage, au cas où j’aurais mes raisons pour ne point abuser de l’hospitalité de Penhoël… Pour le moment, il me reste à vous prier de faire seller deux bons chevaux.

— Vous êtes donc bien déterminé à partir ?…

— Très-déterminé… L’heure avance…, et plus tôt les chevaux seront prêts, plus je vous aurai de reconnaissance.

Ceci fut dit d’un ton qui n’admettait point de réplique. Le maître du Mouton couronné sortit en grommelant sa litanie d’objections :

La nuit qui allait tomber, les fondrières, les uhlans et le déris.

Quand il eut passé la porte, Blaise repoussa son siége et fit une cabriole.

— Enlevé ! s’écria-t-il. Ah ! fameux ! fameux ! M. Robert !… tu es encore plus fort que je ne croyais !… Vrai, je ne donnerais pas ma part de l’affaire pour mille écus !

— Tout n’est pas dit, murmura l’Américain, dont le front restait pensif ; nous avons encore plus d’un obstacle à tourner…

— Les uhlans ?… commença Blaise.

Robert haussa les épaules.

— Au contraire, répliqua-t-il ; c’est ce qui me fait partir ce soir… Les uhlans sont placés là tout exprès pour expliquer l’absence de notre bagage… Nous aurons été dépouillés en che-