Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/65

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vive et folle, capable de bien des étourderies… ; mais je l’aime pour l’amour sincère qu’il porte à madame…

— Et combien y a-t-il au juste d’ici jusqu’au château ?

— Deux fortes lieues.

— La route est-elle bonne ?

— Affreuse, mais toute droite jusqu’au bac de Port-Corbeau.

Robert regarda par la fenêtre et sembla mesurer la hauteur du soleil, qui éclairait d’une lueur jaunâtre les maisons du port Saint-Nicolas.

— Il faut que nous partions sur-le-champ, dit-il.

— À présent ! s’écria l’aubergiste. Il n’y a pas plus d’une heure de jour… C’est impossible.

— Cependant, puisque la route est toute droite…

— Droite, oui, mais défoncée par les dernières pluies et coupée de fondrières en plus de trente endroits.

— Avec de bons chevaux, dit Robert, on a raison des fondrières.

— Pas toujours…, répliqua l’aubergiste… Et puis les chevaux ne peuvent rien contre les uhlans…

— Les uhlans ?…

— Une bande de coquins, venant on ne sait