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— Quelle folie !…

— Oui… oui ! Benoît les voit en songe, vêtues de longues robes blanches comme des belles-de-nuit… Mais Benoît se sera trompé peut-être une fois en sa vie… Dieu le veuille ! Dieu le veuille ! et puissent mes pauvres yeux se fermer avant de voir cela !

La tête de l’aubergiste se pencha sur sa poitrine. Il semblait rêver. Au bout de quelques secondes, un sourire triste vint à sa lèvre.

— Les chères enfants !… reprit-il d’une voix plus émue ; mais vous verrez l’Ange, monsieur !… vous verrez Diane et Cyprienne, les perles du pays, avec leurs jupes en laine rayée et les petites coiffes de paysannes qui couvrent leurs nobles chevelures… Car, bien qu’elles soient du plus pur sang de Penhoël, elles n’ont rien en ce monde, et l’oncle Jean, leur père, veut qu’elles soient habillées comme les pauvres filles du bourg… mais vous les couvririez de haillons qu’il faudrait bien encore les saluer quand elles passent… On dirait de petites reines, monsieur !… Et comment ne seraient-elles pas belles entre toutes ? ajouta le bon aubergiste en souriant tristement ; elles lui ressemblent trait pour trait.

— À qui ?