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Car Robert détestait le petit monde.

Blaise et lui s’étaient accolés ensemble à Paris, par suite de relations communes avec un recéleur du nom de Bibandier qui, peu de temps auparavant, était allé au bagne de Brest expier son obligeance. Blaise était un coquin à la douzaine, moins endurci que Robert peut-être, moins peureux de nature, mais n’ayant pas non plus ce courage factice et à l’épreuve que l’Américain s’était donné par la force seule de sa volonté.

Ils avaient gagné tous les deux leurs surnoms à la bataille, comme Scipion l’Africain et le grand Fabius. Tous les deux avaient, sinon inventé, du moins perfectionné notablement des genres de vol qui sont tombés, de nos jours, à la portée de tout le monde. Pour comprendre le sens spécial de ces deux sobriquets, l’Américain et l’Endormeur, il suffit d’avoir lu la Gazette des Tribunaux trois fois en sa vie.

Quant à Lola, Robert l’avait prise sur une corde roide où elle dansait pour ne pas être battue. Elle avait dix-huit ans.

Personne n’avait pris souci de lui dire jamais : « Ceci est bien, cela est mal. »

Il eût été difficile de savoir ce qu’il y avait au fond du cœur de cette pauvre belle fille. À contempler son front de marbre et la hardiesse