Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ce disant, l’Américain ôta sa blouse, son pantalon et ses vieux souliers.

Blaise ne se pressait point.

— J’ai froid…, dit Robert. Ce serait dommage de casser les vitres entre vieux amis !…

L’Endormeur était d’une force musculaire évidemment supérieure ; cependant cette menace détournée fit quelque effet sur lui, car il se prit à dépouiller lentement son costume fashionable.

Robert chaussa les bottes avec un évident plaisir.

— Te voilà bien malade ! disait-il en activant sa toilette ; tu vas être bien logé, bien nourri, bien vêtu, et la fortune te viendra en dormant… car nous partagerons en frères.

— Et si tout ça tombe dans l’eau ?… soupira Blaise.

Robert passait la redingote.

— Écoute, dit-il en jetant un coup d’œil au petit miroir qui pendait au-dessus de la cheminée ; ça commence bien, et j’ai tant de confiance que je te promettrais presque de te servir, à mon tour, si tu n’es pas content après l’affaire faite !…

— Promets, dit Blaise.

— Eh bien, soit.

— Le même temps que je t’aurai servi ?…