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sous la futaine ; les souliers à boucles d’étain ne pouvaient grossir leurs pieds délicats et mignons ; l’étroit serre-tête lui-même, qui laissait échapper à profusion les masses bouclées de leurs cheveux châtains, était à leur front comme un bandeau virginal, et mêlait à la distinction noble de leurs traits la naïve séduction des beautés rustiques.

C’était plaisir de les voir sauter sur l’herbe, gracieuses et légères comme des fées. Il émanait d’elles une gaieté vive et à la fois douce qui gagnait de proche en proche et qui était le charme du bal.

Chacun, à son insu, se ressentait de leur contact ; la pauvre Blanche elle-même, si pâle et si frêle, souriait, entraînée par leurs sourires.

Il y avait pourtant des moments où la joie des deux jeunes filles semblait se voiler tout à coup ; c’était lorsque leurs yeux se tournaient vers Madame, qui poursuivait lentement sa promenade au bras de Jean de Penhoël.

Ces trois dernières années semblaient avoir pesé cruellement sur Madame. Sa belle tête s’inclinait maintenant fatiguée, et la résignation morne qui était sur son visage ressemblait à du découragement.

L’oncle Jean la contemplait avec un amour de père. Dans les grands yeux bleus du vieil-