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mier bal. Ses traits rayonnaient alors ; un éclair s’allumait dans l’azur de ses grands yeux. Puis sa paupière retombait, triste ; le sourire ébauché mourait sur sa lèvre. Dans ce cœur de quinze ans, y avait-il déjà une douleur cachée ?…

Robert de Blois s’empressait beaucoup autour d’elle, et y mettait même une sorte d’ostentation. Il ne cédait guère l’honneur de prendre sa main pour la contredanse qu’à un seul rival, auprès de qui ses manières avaient un singulier mélange de cordialité feinte et d’inquiétude dissimulée.

Ce rival n’était autre que le jeune comte Alain de Pontalès, héritier unique de l’ancienne fortune des Penhoël.

Car, nous devons le dire tout de suite, cette grande haine de famille, qui existait autrefois entre Penhoël et Pontalès, avait pris fin, grâce à l’intervention de Robert. Le manoir et le château voisinaient maintenant. René s’était résigné à voir des étrangers occuper le domaine de ses pères.

En définitive, le vieux Pontalès était un brave homme, capable de rendre service à l’occasion. Personne n’ignorait que Penhoël avait puisé plus d’une fois, depuis trois ans, dans sa bourse toujours bien garnie. Aussi passaient-ils tous les deux pour être les meilleurs amis du monde.