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Berry Montalt quitta Londres comme il y était entré, à l’improviste, et d’une façon éblouissante.

Le jour de son arrivée, on avait vu sa litière indienne, suivie par des équipages dignes d’un roi, monter lentement Regent-street, au milieu d’une foule innombrable de cockneys, pour gagner son palais de Portland-Place.

Le jour de son départ, on vit sa magnifique voiture, entourée de ses noirs à cheval, se diriger vers la Tamise où l’attendait l’Érèbe, frété par lui seul.

Une circonstance dut quelque peu dérouter les gloseurs qui avaient colporté de si belles histoires touchant le harem de Portland-Place. Montalt n’emmenait avec lui qu’une seule femme, dont le visage se cachait sous des voiles épais.

Mais en définitive, cela ne prouvait absolument rien. Les autres sultanes du nabab avaient été sans doute congédiées avec de riches présents.

Et les ladys avaient été trop doucement choquées pour avouer jamais que le prétendu sérail de Berry Montalt était une pure et simple chimère…

Quand les premiers flocons de fumée sortirent des cheminées de l’Érèbe, on ne voyait pas le