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ments pareils, et le maître de Penhoël ne put rien voir.

Autour de la table, on songeait au rêve de l’Ange qui avait vu l’aîné couché sur l’herbe et blême comme un mort.

Quand Robert de Blois reprit la parole, chacun retint son souffle pour écouter mieux.

— J’apporte de bonnes nouvelles, dit-il, et heureusement ma mésaventure n’y peut rien changer… Louis de Penhoël, qui est mon ami, m’a chargé d’embrasser son frère et m’a prié de lui renvoyer des détails sur toute la famille.

L’observateur le plus clairvoyant n’aurait point su définir les sentiments contraires qui venaient en quelque sorte se heurter sur la physionomie du maître de Penhoël ; d’abord un élan d’affection revenue, un mouvement vif et sincère de tendresse fraternelle ; puis quelque chose de glacial, de la défiance et de la peine.

Le bon oncle Jean avait pris la main de Robert et la serrait en pleurant, parce que Robert avait dit :

— Je suis son ami…

Ce fut lui qui fit ces questions obligées qu’on aurait voulu entendre tomber de la bouche du maître du manoir :

— Où est-il ? que fait-il ? va-t-il nous revenir ?… Pense-t-il à nous, lui qu’on aime tant ?…