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Benoît Haligan se tenait debout et immobile au centre du bateau, comme s’il lui eût suffi, pour l’acquit de sa conscience, de partager le danger de son maître.

Depuis que René de Penhoël se trouvait au milieu de l’inondation, le travail désespéré auquel il se livrait et les mille bruits qui l’entouraient l’empêchaient de reconnaître la direction des cris de détresse.

Il les entendait bien encore, mais faiblement, et ces cris, loin de se rapprocher, semblaient s’éloigner sans cesse.

Le maître de Penhoël faisait des efforts incroyables pour arrêter ou changer la marche du bateau, mais il était toujours dans le lit de l’Oust, et le fond lui manquait.

Le premier éclair qui ouvrit les nuages lui montra Penhoël et la double colline déjà dans le lointain. Autour de lui l’inondation étendait une vaste nappe d’eau.

Il cessa de percher et prêta l’oreille. Les cris de détresse ne parvenaient plus jusqu’à lui.

Alors il jeta la perche au fond du chaland et s’assit, découragé, sur le bord. La sueur inondait son front, ses pensées se mêlaient confuses, et il n’avait plus de force.

— Notre monsieur, dit auprès de lui la voix tranquille du passeur de Port-Corbeau, nous