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blait redoubler de rage. Tout à coup les deux chevaux s’arrêtèrent en même temps.

Robert voulut pousser le sien, mais l’animal ne bougea pas.

— Il y a de l’eau là, devant nous, dit l’Endormeur.

Un éclair se chargea de confirmer son assertion. Durant le quart d’une seconde ils virent le cours tranquille de l’Oust, la double colline et la silhouette du manoir de Penhoël.

— Nous sommes au bout de nos peines ! dit Robert. Ah çà ! voici un ruisseau qu’on sauterait à pieds joints… Cette fameuse inondation dont on nous parlait tant ressemble un peu aux terribles uhlans, résumés dans la personne de notre ami Bibandier.

— C’est le pays des bâtons flottants, repartit Blaise ranimé à l’espoir prochain d’un bon gîte ; si nous appelions le passeur ?…

— Au bac !… au bac !… cria Robert.

Personne ne répondit sur l’autre rive.

Ils répétèrent leur cri, et durant deux ou trois minutes, ils s’enrouèrent à l’unisson.

— En définitive, dit Robert que rien ne pouvait entamer, il ne serait peut-être pas mauvais de passer ce ruisseau à la nage… Les uhlans, la tempête, et, pour finir, un bain… avec cela on peut se présenter tout nus !