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zaine… c’est pour retourner à Paris que je travaille… et si vous saviez comme je me donne du mal !… Ce soir, en vous voyant arriver, je flairais une aubaine… je me disais : Au moins, ce ne sont pas de ces rustres du bourg de Bains, du bourg de Glénac ou du bourg de Saint-Vincent, portant de lourds bâtons pour défendre la demi-douzaine de gros sous qu’ils ont dans leurs poches… Quand je vous ai entendus parler de vos rentes, mon cœur a battu… j’ai revu Paris… mon garni de la Chapelle !… J’ai senti l’odeur de la cuisine bourgeoise où nous dînions ensemble quand les eaux étaient basses… Mais non ! la déveine est la déveine !… et je commence à croire que je mourrai de faim dans mon trou !…

— Y a-t-il encore de l’eau-de-vie dans la gourde ? demanda Robert.

— Le père Géraud l’a remplie, répondit Blaise.

— Alors descends… il est de bonne heure… et on peut bien fumer une pipe avec un ancien.

Nos deux voyageurs mirent pied à terre, et attachèrent leurs montures aux branches du taillis.

Les feuilles sèches cependant ne remuaient plus. L’armée de Bibandier gardait son immobilité modèle et semblait attendre un ordre du chef pour rompre les rangs.

Un grand chien maigre comme son maître