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— Enfin, voulut répliquer l’Endormeur, une poire pour la soif ne fait jamais de mal…

— Laissons cela !… interrompit Robert ; nous avons du travail pour notre route… sans compter même les fondrières, les uhlans, et cætera… Tous ces renseignements que nous a donnés l’excellent père Géraud forment notre catéchisme… n’en perdons pas un seul !

— Diable !… murmura Blaise, si tu comptes sur moi…

Robert lui coupa la parole.

— Pendant qu’on préparait les chevaux, dit Robert en tirant un calepin de sa poche, j’ai fait mes petites provisions… Voyons cela pendant qu’il reste encore un peu de jour.

Il leva le calepin à la hauteur de ses yeux et se prit à lire :

« Louis de Penhoël (l’aîné), parti depuis quinze ans, colonel au service des États-Unis d’Amérique… »

— Vois-tu, dit-il en s’interrompant, j’ai noté mes propres paroles tout aussi bien que celles de notre hôte… Oublier ce que disent les autres, c’est malheureux… mais oublier ce qu’on a dit soi-même, c’est terrible !

Blaise écoutait avec l’attention respectueuse d’un écolier qui se nourrit de la parole de son maître.