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la perche, le vieux Benoît Haligan était debout auprès de lui.

— J’ai mangé pendant soixante ans le pain de Penhoël, murmurait-il avec une sombre résignation ; que Dieu me garde seulement le salut de mon âme… Je puis bien donner au fils de mon maître la vie de mon pauvre vieux corps !…

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Il restait une heure de jour environ, quand le jeune M. Robert de Blois et son écuyer Blaise quittèrent l’auberge du Mouton couronné. Maître Géraud, chapeau bas et la pipe dans la poche, leur fit la conduite jusqu’à cinquante pas de son établissement.

— Nous réglerons notre petit compte demain, dit Robert.

— Pour ça, répliqua l’aubergiste, demain ou dans un an… quand vous voudrez !… Quant à votre jeune dame, on en aura soin comme si elle était la fille du roi !…

— Bien obligé, mon bon M. Géraud… et au revoir !…

— Bon voyage !…

L’aubergiste fit un beau salut ; et tandis que Robert et Blaise remontaient la grande rue, le brave aubergiste leur criait encore de loin :

— Surtout, gare aux fondrières !… et aux uhlans ! et au déris !…