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On voyait alors, pendant une seconde, le marais, immense prairie, où serpentaient de minces filets d’eau, et les collines lointaines qui surgissaient pour se replonger soudain dans les ténèbres.

Penhoël laissa derrière lui le logement de Benoît Haligan, le passeur, à la porte duquel brûlait toujours une petite lanterne. Il avait à sa droite le Port-Corbeau, à sa gauche cette antique muraille féodale qui semblait étayer la colline et qui se terminait par la Tour-du-Cadet.

Le moulin des Houssayes était situé à un quart de lieue de là, en amont.

À cet endroit, l’Oust coulait encore lente et tranquille entre ses hautes rives.

Avant de tourner l’angle de la muraille, Penhoël jeta un regard vers le sommet de la colline où brillaient faiblement les croisées du manoir.

Ses deux mains pressèrent ses tempes ardentes.

— Ma femme et mon enfant !… murmura-t-il d’une voix découragée ; sais-je si je suis heureux ou misérable ?…

Il demeura un instant immobile puis il reprit :

— Je les aime !… Je n’aime qu’elles en ce monde !… et Marthe songe toujours à l’absent…