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PAR PAUL FÉVAL.

accorder la main de sa fille à M. Bruant, détestable coquin s’il en fut, et sur cet autre point, que, devant le tribunal, sa cause était perdue d’avance.

Néanmoins, le lendemain matin, je dis adieu à mon monde et je pris place dans la diligence de Lorient.

C’est une ville toute neuve, née du commerce, vivant de ladministration, et qui s’inquiète peu des souvenirs. Tout le monde y mange le pain du budget et tout le monde, par conséquent, y fait un peu d’opposition. Je ne puis pas me vanter d’être un voyageur, mais, parmi les villes que j’ai parcourues, je n’en ai rencontré aucune où lon soit si ardent au plaisir. (C’est preuve d’ennui, comme la gloutonnerie démontre l’abstinence. Toute l’année, Lorient danse, court le spectacle, se promène à la mer, étale ses pique-nique sur l’herbe et bâille à tirelarigot. |

Mais sa rade est un miracle. Il n’y a pas au monde un plus riant point de vue. La première fois que je vis le soleil se lever derrière les grands pins de Claudan, éclairant Penmané, le roc couronné de ruines, le vieux couvent de Sainte-Cathe-

rine, l’ile Saint-Michel, Port-Louis, qui ressemble PE