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PAR PAUL FÉVAL.

industrie de nos côtes est la pêche et la manipulation de la sardine ; M. Keroulaz, habitué depuis son enfance à vivre parmi les pêcheurs, avait embrassé avec résignation son nouvel et modeste état. La presse, située sur la plage de Gavre, devant le Port-Louis, lui avait été cédée par le citoyen Bruant, Arabe de première force, que“les sardiniers appelaient le Judas, moyennant une somme de douze mille francs, dont M. Keroulaz avait, à son dire, effectué le payement intégral. Aucune quittance, néanmoins, n’existait entre ses mains, et ceci vous sera expliqué. Des années avaient passé, sans qu’il y eût eu réclamation, lorsque tout à coup le citoyen Bruant, devenu M. Bruant, intenta une action en revendication de l’objet vendu, affirmant qu’il n’avait jamais reçu un ceniime. -

I faudrait beaucoup de paroles, mesdames, pour vous faire comprendre comment un homme de loi, en l’absence de toutes preuves, en lPabsence même de ce que la jurisprudence nomme présomptions, peut se faire, du premier coup, sur Je plus ténébreux conflit, une conviction lucide et inébranlable. Après avoir entendu M. Keroulaz, je demeurai persuadé de son bon droit et j’en fus