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LE POISSON D’OR

— Avez-vous déjà consulté quelque avocat ?

— Cinq avocats.

Ma physionomie dut parler, car il baissa les yeux .et reprit d’une voix où je sentais les larmes :

— J’aurais bien renoncé, mais j’ai ma petitefille … | Je ne sais pas dire l’effet que produit sur moi une violente émotion modérément exprimée. J’étais déjà l’avocat de M. Keroulaz. J’aime mieux ce mot que celui d’ami, mesdames. Il y a des choses si grandes que la raillerie du vulgaire, cette dent de serpent patiente et envenimée, s’use à les vouloir mordre. Les gens les plus raillés parmi nous sont les prêtres, les avocats et les medecins. Cherchez bien : vous trouverez sous chaque épigramme au moins une ingratitude.

Sur mon invitation, M. Keroulaz me fit l’exposé de son procès. C’était une de ces affaires très-simples au point de départ, mais qui, par la mauvaise foi d’un côté, par l’imprudence de Pautre, deviennent à la longue inextricables. Il s’agissait d’une presse à sardines. M. Keroulaz, homme de qualité, réduit au besoin par suite des événements, s’était mis dans le commerce. À partir de l’embouchure de la Vilaine jusqu’à Brest, la principale