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LE POISSON D’OR

faire le difficie ; le plus pauvre des elients était peur moi une aubaine et je me cramponnais à lui comme à une proie.

Un matin, le bedeau de la paroisse de Toussaints, où j’avais coutume d’accomplir mes dévotions, vint me voir avee un personnage de haute taille, très-maigre, et dont le costume annonçait Ja gène. Je reconnus en lui l’éternel client du jeune avocat : le plaideur pour qui l’on parle gratis et à qui, par-dessus le marché, on est obligé de faire un peu l’aumône.

— Voilà M. Keroulaz, de Port-Louis, me dit mon bedeau d’un air triomphant : ça avait des mille et des cents avant la révolution, mais dame ! vas-y voir !

Hélas ! de mon bureau où j’étais, je le voyais assez. M. Keroulaz, de Port-Louis, me fit un grave salut, et Fayet, notre bedeau, reprit :

— Avocats, lêche-plats, pas vrai ? Procureurs, voleurs, allez donc ! Ceux de Lorient ne veulent pas plaider pour lui rapport au Judas, riche comme ua puits et qui a le bras long. Larrons en foire, dites donc ! Si vous priez Mandrin d’arrêter Cartouche, il vous répond : Serviteur !…. J’ai donc dit : Il y a le petit Corbière qui mange