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PAR PAUL FÉVAL.

PAR PAUL FEVAL. 7

Dès qu’il eut pris place dans le fauteuil consacré qu’on appelait la sellette, le cercle de la

marquise fit silence ; seulement, la belle duchesse _

de D**#, qui était la nièce de Talleyrand et qui n’aimait pas du tout le ministre, chuchota :

— Son Excellence va nous révéler quelque bon petit secret d’État.

— Mesdames, répliqua Son Excellence, je ferai tout ce que vous m’ordonnerez. J’ai dans ma poche la dernière circulaire électorale et cinq projets de lois tous plus jolis les uns que les autres. Mais, si vous m’en croyez, vous me laisserez dire à ma guise. Voilà quinze grands jours que je vous prépare, dans le silence du cabinet, un conte de ma mère l’’Oie : le Poisson d’or.

Il y eut un murmure général. La marquise .€t ses fidèles n’entendaient point raillerie sur un sujet si délicat. Son Excellence, sans doute, avait tenu tête à bien des orages, dans une autré enceinte, comme on disait alors ; mais Son Excellence était ici pour plaire ; elle promena sur l’auditoire le plus souriant de ses regards et répéta :

— Le Poisson d’or,.mon Dieu oui, belles dames !

Je vous supplie de ne point me condamner 

sans m’entendre. J’ai mission de vous divertir .