Page:Féval - Le poisson d'or (1863).djvu/10

Cette page n’a pas encore été corrigée
6
LE POISSON D’OR

6 LE POISSON D’OR

le mot cynisme serait infiniment trop gros pour caractériser les nuânces de ce rôle du parvenu sachant vivre, qui ne pèche pas du tout par ignorance et calcule avec sang-froid la limite précise qui doit borner ses audaces. Un héritage se garde tout seul, souvenons-nous de cela, mais il faut défendre le bien venu par la victoire.

Une fois, en travaillant avec Louis XVIII, notre homme s’était oublié jusqu’à déposer sur la table royale son mouchoir et sa tabatière.

— Mettez-vous à votre aise, avait dit le père de la Charte en riant, videz vos poches, monsieur le comte !

La réponse est célèbre et notre homme Ja laissa tomber sans s’émouvoir : ‘

— Sire, poches qui se vident valent mieux que poches qui se gonflent.

On citait de lui beaucoup de ces mots gaulois. . Il avait quelques douzaines d’amis plus ou moins dévoués et des millions d’ennemis : c’est le succès en France. Pour comble, Berthélemy et Méry avaient pris la peine de le chanter en beaux vers qui claquaient comme des fouets de poste. La satire ne sert qu’à proclamer la royauté de la vogue.