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X

le missel


Ce soir-là Mme la princesse de Montfort n’eut point, pour descendre de voiture, la main de son cavalier habituel. Pour la première fois, M. le marquis faisait faux bond à sa mère. La princesse était un esprit fort, comme nous l’avons dit, et l’avis de tous les esprits forts, est d’ouvrir les portes à deux battants, afin que jeunesse passe. Mais qu’il y a loin chez les femmes qui ont l’esprit fort, de la théorie à la pratique ! Une pauvre histoire de revenants avait mis la chair de poule sur tout le corps de Mme la princesse, qui ne croyait absolument pas aux revenants. Il faut que jeunesse se passe, mais Mme la princesse avait maintenant le cœur bien gros en prenant la main du docteur pour remonter le perron de son hôtel.

— Vous avez un peu de fièvre, belle dame, lui dit ce dernier, et je conçois cela, après ce qui vient d’avoir lieu. Si vous m’en croyez, vous prendrez demain matin un bon bain chaud avec une simple affusion d’eau froide.

— Quand je pense, docteur, soupira la princesse, que j’ai pris cette demoiselle d’Arnheim pour… Ah ! les audacieux coquins ! Léonie a senti une main velue… Elle est folle un peu, vous savez… Mais voilà mon Gaston qui prend le mors aux dents ! Ah ! qu’il a bien fait de quitter le séminaire ! Elle est très bien, au moins ! Il n’y a pas à dire ! Et la pauvre Émerance à