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sans être excitant… de l’exercice, beaucoup… de la distraction… J’aurai l’honneur de lui faire une visite…

Il salua et s’éloigna au bras d’un pair de France en délicatesse avec sa goutte.

La princesse fit un petit signe de cils à Gaston et se retourna.

Dès que la princesse fut retournée, les paupières de Gaston se relevèrent. Son regard, où véritablement il y avait de la fièvre, se fixa sur une porte fermée que l’orchestre cachait à demi. M. le marquis de Lorgères attendait quelqu’un, évidemment, et ce quelqu’un devait entrer par là. Mais n’était-ce que de l’attente, cette émotion qui creusait ses yeux et qui mettait de la sueur à ses tempes ?

À l’autre bout du salon, l’archevêque de Paris venait d’aborder l’évêque d’Hermopolis.

— Monseigneur, lui demanda-t-il, connaissez-vous personnellement ce baron d’Altenheimer ?

— Pas le moins du monde, répondit le ministre, je vous ai dit tout ce que je savais. Il m’est venu, présenté par son frère qui avait pour moi des lettres des cardinaux Pacca, Gaysruk et Riaro Sforza, ainsi qu’une note autographe du confesseur du roi de Naples. Je sais qu’il est en rapports avec mon collègue de l’intérieur et que le préfet de police…

— Mais le voici, justement ! fit-il en s’interrompant : nous allons avoir un monceau de renseignements !

M. le préfet de police entrait en effet, et les deux prélats purent le voir échanger une poignée de main avec M. le baron d’Altenheimer, toujours debout auprès de la porte.

— Beaucoup de choses parmi celles qu’il nous a dites, reprit l’archevêque, dénotent un état mental pour le moins très bizarre…

— C’est un Allemand, dit Mgr Frayssinous, et un conteur ! deux moitiés de fou !

— Fou généreux et même prodigue, du moins,