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V

bagatelles de la porte


Le grand salon du château de Conflans était disposé pour le concert. L’orchestre avait son estrade, au-devant de laquelle un buffet d’orgues nurembergeoises était placé. Cinq ou six rangs de sièges faisaient face à l’estrade, pour la plupart occupés par des dames et des jeunes filles, en toilette d’archevêché, comme on disait alors au faubourg. Ce n’était pas la toilette de bal, oh ! certes ! mais ce n’était pas non plus la toilette de ville : les robes étaient habillées et l’on portait des bijoux. La partie masculine de l’assemblée, prêtres, grands seigneurs ou hauts fonctionnaires, s’asseyait ou restait debout, autour de la salle.

Mme la princesse de Montfort avait avisé tout de suite en entrant le docteur Récamier et s’était emparée de lui pour lui parler des palpitations de cœur de son fils le marquis.

— Un bon petit sujet, docteur, disait-elle, et bien différent de M. le duc !

M. le duc était le fils aîné de Mme la princesse qui ajouta :

— Ce n’est pas que M. le duc soit mauvais, mais il me fera mourir dans une attaque de nerfs ! Au lieu que Gaston, vous savez, c’est l’excès contraire. Je ne sais pas pourquoi il a perdu sa vocation ecclésiastique, moi, ce garçon-là : c’était une bouture du prélat. Je ne peux pas le voir autrement qu’avec un rabat et