Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je n’aurais pas osé, madame, répartit toujours le paisible Gaston, comparer celle que j’ai choisie pour femme à la plus sainte figure que nous ait léguée la poésie antique… Il faudra adresser la lettre à Chrétien Baszin, prince Jacobyi, à son château de Chandor, près Szeggedin, Hongrie.

La princesse ouvrit de grands yeux.

— Gaston, murmura-t-elle, y a-t-il véritablement quelque chose au fond de tout ceci ?

— Je ne sais comment vous convaincre, madame, répondit le marquis, de cette vérité, si élémentaire pourtant, qu’il y a en tout ceci une jeune fille qui doit être votre bru et qui m’apportera en dot cinq ou six cent mille livres de rentes.

— Cela est si extraordinaire ! murmura la princesse. Pas un mot ! vous ne m’avez pas dit un mot avant aujourd’hui !

— Il est convenu madame, que je suis homme seulement depuis vingt-quatre heures.

— Vous n’espérez pas cependant, dit Mme de Montfort, d’un ton qui était déjà bien changé, que je m’embarque dans une démarche de ce genre sans explications ni preuves.

— Ma mère, répliqua Gaston avec une véritable solennité, je vous donnerai des explications nettes et précises, mais pour preuves, il faudra vous contenter de la parole d’honneur d’un homme qui n’a jamais menti.

— Est-ce votre parole d’honneur à vous ?

— C’est ma parole d’honneur à moi, madame.

— Je vous écoute, mon fils. Songez au nom que vous portez et à l’indigne lâcheté qu’il y aurait à tromper votre mère.

Gaston, en quelques paroles brèves et claires, établit les règles de la législation hongroise en matière de licitation.

Toutes les princesses connaissent un peu le langage des affaires.