Page:Féval - Le chevalier ténèbre, 1925.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je n’ai pas le courage de me lever pour le recevoir. Qu’il vienne !

L’instant d’après, Gaston était introduit dans la chambre à coucher de sa mère.

— Mon cher enfant, lui dit tout d’abord la princesse, vous me connaissez et vous savez que je n’aime pas gronder. Aujourd’hui, quand même j’aurais l’habitude de vous faire des réprimandes, je m’abstiendrais, car je veux avoir votre confiance, toute votre confiance. Il se passe en vous quelque chose d’extraordinaire : j’ai deviné cela. Voulez-vous me faire votre confession ?

— De tout mon cœur, ma mère, répondit le jeune marquis en lui baisant tendrement la main. C’est précisément pour vous raconter mes petites affaires que j’avais pris la liberté de vous demander une entrevue ce matin.

— Alors, je vous écoute, Gaston, et je ne vous demande qu’une chose : c’est d’être franc avec votre mère qui vous aime.

M. le Marquis rougit légèrement, mais il répartit sans hésiter :

— Vous pourrez vous plaindre de moi, madame, mais vous ne m’accuserez pas d’avoir manqué de franchise : je désire me marier.

De ce premier coup, Mme la princesse tressaillit sous sa couverture. Ce timide Gaston n’y allait pas en effet, par quatre chemins.

— C’est-à-dire, répliqua la bonne dame, dont les sourcils se froncèrent malgré elle, que vous êtes un enfant, et que vous devenez fou !

Il paraît que Gaston était cuirassé d’avance contre cette façon de discuter, car il se borna à porter de nouveau la main de sa mère à ses lèvres.

— Épouser une chanteuse !… commença la princesse qui s’enflammait.

— Permettez, madame, interrompit Gaston très doucement, veuillez me permettre, je vous en prie.