une voix si agréable ! — Veuillez monter dans ma voiture, ma chère enfant ; je désire vous présenter à ma bru… Avec toute ta mauvaise foi, tu ne peux pas prétendre qu’il y ait là dedans la moindre difficulté. La petite monte.
— Et tu l’emmènes ainsi d’un temps jusqu’à Londres ?
— Tu me permettras de penser, répartit aigrement Bobby, qu’un garçon comme moi, transformé de douairière en grand seigneur, et offrant sa main à une petite fille ruinée…
— Tu me permettras de penser, interrompit encore le grand, que la sottise des fats est la plus sotte de toutes les sottises ! D’abord, je ne veux pas être embarrassé d’une femme en voyageant.
— Ah ! Ah ! tu ne veux pas !
Le petit se renversa sur son coussin et lança vers le plafond une longue spirale de fumée.
— Les fruits mûrs qu’on tarde à cueillir se gâtent, grommela-t-il entre ses dents. Entre nous deux, je crois que la poire est mûre ; si nous restons ensemble, William, il se pourrait que l’idée nous prît de nous couper la gorge.
— J’ai envie…, commença William, dont la voix tremblait et menaçait.
— Tu vois bien ! prononça froidement Bobby, la poire est mûre ; séparons-nous !
Le grand fit un violent effort pour contenir sa colère. Il but coup sur coup deux verres de punch, puis il dit :
— Eh bien ! soit, séparons-nous !
— Le partage ne sera ni long ni difficile, reprit Bobby qui semblait beaucoup moins ému que son aîné. Toutes les bank-notes sont par paires dans le missel. Je prévoyais que notre association ne pouvait être éternelle et j’ai toujours eu soin de mettre vis-à-vis l’un de l’autre deux billets d’égale valeur.