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La main gauche sortit, tenant une vaste bourse, ronde et pesamment garnie ; la droite avait un poignard qui brilla aux lueurs des lumières voisines.

— Ceci, dit-il, ou cela. Il y a mille pistoles dans la bourse, et j’ai quatre gaillards armés jusqu’aux dents, derrière ce mur.

Les deux Italiens se consultèrent.

Derrière le mur, il n’y avait que l’homme au burnous qui écoutait et qui regardait avec une fiévreuse avidité.

— Soit, dit enfin celui des deux Italiens qui semblait le maître, nous acceptons pour faire plaisir à Vos Seigneuries.

Il tendit la main, et Saint-Venant y mit sa bourse. Mais, ce faisant, il tint ferme le poignet, et bien lui en prit, car le second Italien détalait déjà à toutes jambes.

L’autre le rappela et dit avec résignation :

— Luigi, mon frère, le tour est manqué, contentons-nous de ce qui nous est donné.

Luigi revint : maître Mathieu le prit par le bras. Saint-Venant poursuivit sans blâmer cette tentative de supercherie :

— Dites-moi vos noms.

— Lucas et Luigi Barnèse, pour servir passionnément Vos Seigneuries, répondit le maître, natifs de la ville de Bergame, au pays lombard-vénitien. Vous faut-il une leçon pour apprendre à manier nos outils ?

— J’assistais à la représentation que vous donnâtes naguère à la Pomme-d’Amour, dit le conseiller. Comment deviez-vous être introduits au palais ?