nécessité. Je prends pour moi le rôle difficile. Dites-moi : seriez-vous capable de jouer un petit rigodon sur la vielle de Savoie ?
— Moi ! se récria maître Mathieu, un rigodon ! sur la vielle !
— Le rigodon serait payé vingt mille écus, dit froidement Saint-Venant.
Mathieu Barnabi soupira.
— Dans ma jeunesse, dit-il, j’étais un peu musicien, et il y avait une fille suivante de madame la maréchale d’Ancre qui aimait fort m’entendre vieller.
— Je vous dis, s’écria le conseiller, que vous valez votre pesant d’or ! Chaque jour, on découvre en vous quelque talent nouveau. Si votre vieille reine Marie vous avait pris pour conseiller au lieu de se donner à son cardinal, vous l’auriez menée loin, mon compère ! Voilà qui est entendu, vous allez nous pincer une courante ou deux.
— Où cela ? demanda Barnabi.
— Chez madame la régente, parbleu ! Allons ! ne tremblez pas. Et pour votre peine, je vais vous expliquer par le menu ce que c’est que la lanterne magique.
— Je le sais de reste, répondit Mathieu. Quand j’étais sorcier, je me servais de quelque chose d’analogue. Ce que je voudrais savoir…
— Écoutez ! s’écria Saint-Venant qui prêta lui-même l’oreille.
Dans la percée sombre qui remontait à gauche de la maison en construction, un bruit de pas se faisait entendre.
— Ce sont nos hommes, dit Saint-Venant.