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femme de tête ; et nous le savons pardieu bien, nous deux qui la voyons depuis quinze ans jouer son audacieuse comédie. De l’autre monde où il est, mon ancien camarade maître Pol doit bien se divertir à regarder l’imbroglio qui se noue autour de sa mémoire. Vivant ou mort, le brave garçon fut toujours un parfait mannequin.

La tête du More se redressa légèrement, et un sourire amer passa sur la sombre expression de ses traits.

— Madame Éliane étant une femme de tête, continua le conseiller, a pensé que quatre jours étaient un terme suffisant. Elle s’est rendue chez madame d’Hautefort, sa parente et son ancienne amie, qui avait trouvé près d’elle un abri au temps de sa disgrâce. Madame d’Hautefort n’étant pas reine, se souvient. Elle s’est engagée à conduire elle-même, ce soir, madame Éliane, à la lanterne magique de la cour.

Le regard de Mathieu Barnabi interrogea.

— Bon ! fit le conseiller. Vous ne savez pas ce que c’est que la lanterne magique. La lanterne magique est un instrument qui va nous faire entrer tous les deux dans les appartements de Sa Majesté et nous mettre à même de prendre contre madame la comtesse toutes les mesures qui nous paraîtront nécessaires.

— Expliquez-vous, je vous en prie, monsieur de Saint-Venant ! s’écria l’ancien drogueur avec un redoublement d’inquiétude. S’il faut risquer un danger…

— Pas le moindre danger, mon compère, et quant à m’expliquer, je n’en vois même pas la