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— J’ai peur, en second lieu, de cette petite fille qui a disparu…

— Cela me regarde, compère, l’interrompit encore le conseiller. Mademoiselle de Pardaillan m’appartient en propre ; je saurai bien la retrouver quand il en sera temps.

— Troisièmement, j’ai peur de M. de Gondrin. Le voilà puissant, et les imprudences de madame Éliane lui font la part si belle !

— Si M. le baron gagne la partie, prononça Saint-Venant paisiblement, nous nous mettrons dans son jeu.

— Sera-t-il temps encore ? Quatrièmement, j’ai peur de madame Éliane. C’est une vaillante femme.

— À qui le dites-vous ? soupira Saint-Venant.

— Nous n’avons jamais eu la preuve que votre cher filleul, Renaud de Guezevern ou de Pardaillan, est bien mort…

— Plus bas, mon compère ! Quand on veut être parfaitement sûr de ces choses-là, il faut les faire soi-même. Si j’étais aussi certain de la mort du fils que de celle du père…

— Les absences répétées de madame Éliane doivent avoir trait à son fils, monsieur le conseiller.

— Savoir ! Moi je crois qu’elles ont trait à sa fille. Écoutez-moi, maître Mathieu Barnabi, nous causons là comme si nous étions en mon logis, les pieds au feu de la cheminée. Ce n’est pas le lieu. Vous êtes un savant médecin, mais vous n’êtes pas fort pour glaner les nouvelles. Vous ne savez rien, moi je sais tout ; en conséquence, c’est à moi de parler.