Page:Féval - Le Mari embaumé, 1866, tome 2.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Alors, vous l’avez vu ?

— Comme je vous vois ! et il paraît bien qu’il n’y a point de diableries là-dedans, puisque j’avais fourni le drap blanc et que la chose ne l’a pas roussi… c’est tout un déluge de petites gens qui se mettent à gambader sur la muraille, de ci, de là, si prestement, si mignonnement…

— C’est donc vivant ?

— Comme vous et moi.

— Et ça parle ?

— Comme père et mère… c’est-à-dire il y a un des deux Bergamasques qui parle pour tout le monde. Tant il y a que M. de Gondrin a fait son rapport à madame la reine, et que, pour amuser le petit roi, il montre, ce soir, la lanterne, magique à la cour, dans les appartements privés.

Deux hommes, enveloppés dans des manteaux couleur de muraille, venaient de se rencontrer au centre du terrain vague. L’un avait débouché par le chemin des Bons-Enfants, l’autre arrivait de la rue Saint-Honoré.

Ils se donnèrent la main et regardèrent tous deux du côté du cabaret.

— La Pomme-d’Amour est bien pleine, ce soir, dit l’un d’eux.

— Mauvais endroit pour une conversation secrète, répondit l’autre. Restons ici, monsieur de Saint-Venant. M’est avis, d’ailleurs, que nous n’en avons pas bien long à nous dire.

— Peut-être, maître Barnabi, peut-être. Quelles nouvelles ?

— Madame Éliane a quitté le château de Pardaillan depuis huit jours.