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un vrai lion du désert ! D’abord, dis tout ce que tu voudras, j’ai mis dans ma tête qu’il en serait ainsi. Pour cela il faut qu’aucun doute ne reste entre eux et que les situations soient bien nettes. Je suppose, par exemple, qu’on ait besoin de t’enlever…

— M’enlever ! répéta mademoiselle de Pardaillan, épouvantée cette fois.

— J’ai dit : je suppose… et s’il fallait en arriver là, même malgré toi, penses-tu que je reculerais ? En ce cas-là, vois-tu, ce ne serait pas trop de mes trois épées. Mais si Gaëtan a défiance de Roger, si Roger est jaloux de Gaëtan, qu’il voit rôder autour de moi, sans savoir que tu es là derrière ; si don Estéban, enfin…

— Quel lien pourrait nous attacher celui-là ?

— C’est un peu mon secret, repartit Mélise en retrouvant son sourire. Mais ta question me prouve que tu as compris. Donc à tout seigneur tout honneur : j’ai commencé par ton beau Gaëtan… et il me semble qu’il tarde bien à venir.

Depuis quelques minutes elles avaient quitté le banc de pierre pour marcher côte à côte sous le couvert dans la direction de l’angle, formé par le mur des jardins de Vendôme et l’hôtel.

Mademoiselle de Pardaillan s’arrêta court aux derniers mots de Mélise. Elle ne trouva point de paroles. Ce fut son regard stupéfait qui répondit et protesta.

— Ma foi, dit Mélise, le voilà ! J’ai fait de mon mieux. Honni soit qui mal y pense !

Pendant qu’elle parlait, un beau jeune homme, enjambant le faîte du mur, atteignit d’un seul