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plus impossible de toutes, c’est que la bonne comtesse ait fait le mal.

Mademoiselle de Pardaillan se redressa de toute sa hauteur.

— Le mal, répéta-t-elle. Ma mère !

— C’est bon ! dit Mélise en secouant brusquement sa tête mutine. Peut-être que je ne suis pas assez demoiselle pour te bien comprendre, mon cœur. Si c’est une charade, je n’ai pas le temps d’en chercher le mot. Il faut désormais nous presser : mon père m’attend et me cherche peut-être. Qui sait quand je pourrai te voir de nouveau ? Je t’ai appris tout ce que j’avais à t’apprendre ; il me reste, pour accomplir toute ma promesse, à te dire pourquoi je te l’ai appris. M’écoutes-tu ?

Pola redevint attentive.

— Et d’abord, reprit Mélise d’un ton presque solennel, aimes-tu le chevalier Gaëtan ?

— Pourquoi cette question ? balbutia mademoiselle de Pardaillan.

— Parce que, répliqua Mélise péremptoirement, il faut aimer l’homme à qui l’on va demander son temps, son repos, sa sûreté, sa vie peut-être.

— Certes, répartit Pola, je ne demanderai rien de tout cela à M. le chevalier.

— Tu te trompes, chérie. Peut-être que quelqu’un le lui a déjà demandé pour toi.

— Qui donc aurait osé ?

— Oh ! quelqu’un qui n’est pas timide, et qui ose toujours.

— C’est toi ?

— C’est moi.

— Tu auras commis quelque imprudence ?