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je ne puis suivre la marche, malgré toute ma bonne volonté.

Veux-tu des symptômes ? J’en ai à revendre. Mais des faits, néant.

Premier symptôme : mon père a dû recevoir des ordres nouveaux, puisque la porte de communication est condamnée et qu’il m’a défendu de te voir. On nous craint. Ce doit être ta mère, qui voudrait enfouir à cent pieds sous le sol sa Pola, son dernier trésor.

Second symptôme : mon père est muet et craint le vin comme si les vendanges de l’an passé étaient empoisonnées.

Troisième symptôme : don Estéban, malgré la fièvre qui brûle dans ses yeux, semble avoir mis un bâillon sur sa bouche. Il n’interroge plus, de peur qu’une réponse ne se glisse dans ses propres questions. Il cherche, il travaille, il souffre.

Le baron de Gondrin cabale, le doux Renaud de Saint-Venant s’agite, et je sais bien ceci, du moins, car le sourire triomphant de mon père me l’a dit. Ces deux-là, qui sont vos plus mortels ennemis, ont une épine au pied : c’est l’aventure de Rivière-le-Duc. Il y a là promesse de reine. L’idée que madame Éliane est à Paris, l’idée qu’elle pourrait pénétrer au Palais-Royal les déconcerte et les terrifie.

— Mais, dit Pola, le conseiller Renaud de Saint-Venant et M. de Gondrin sont opposés l’un à l’autre ?

— Ils l’étaient hier, répliqua Mélise. Aujourd’hui que le baron de Gondrin a des protecteurs puissants, aujourd’hui… Mais n’as-tu donc pas su