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Voici en peu de mots sur quoi a roulé l’entretien, au moins en ma présence. L’étranger ne paraissait point se soucier beaucoup de connaître l’histoire des Guezevern avant l’héritage. Le nom de madame Éliane produisait sur lui une impression visible, sans que j’aie pu deviner si c’était de l’intérêt ou de la haine. Il s’est informé de toi ; il a demandé ton âge exact et combien de temps après l’héritage avait eu lieu ta naissance. Un instant j’ai pensé qu’il n’ignorait point ta présence à Paris, car il a parlé de dame Honorée.

Et je te prie de remarquer ceci : dans les quelques jours qui se sont écoulés depuis cette étrange visite, j’ai pu voir par l’inquiétude de Roger et de Gaëtan, que mes soupçons pourraient bien être fondés. Le More rôde autour de l’hôtel, ou plutôt autour du couvent, et j’ai idée que c’est pour toi.

Gaëtan a eu la même pensée que moi. Roger croit que c’est pour moi. Ils sont jaloux tous les deux. Va ! je ne suis pas sur un lit de roses !

— Gaëtan, Roger et le More se connaissent-ils ? demanda Pola.

— C’est justement ce que j’allais te dire, répliqua Mélise. Je ne crois pas qu’ils se soient jamais parlé, mais ils se connaissent, en ce sens qu’ils s’observent tous les trois. Et la conduite de ce don Estéban vis-à-vis de ton beau Gaëtan est bien loin de prouver, cependant, qu’il soit son ennemi. Tout est mystère.

Je l’ai revu depuis lors bien souvent. Je mentirais si je n’avouais que je me sens attirée vers lui malgré moi. Et, en dehors de cet attrait, il y a le